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En France, sur la Nationale 6

Lundi 4 et mardi 5 avril

Et si pour une fois, je vous faisais visiter un peu la France…

Après notre mois passé au Sri Lanka (d’où l’on est rentré sans problème), nous voilà à nouveau sur les routes ! Comme nous avions décidé d’aller voir nos enfants à Turin et que nous ne comptons plus les fois où nous avons parcouru l’autoroute Paris/Turin depuis 20 ans, nous avons voulu prendre le chemin des écoliers…

Nous avons choisi une route mythique, la Nationale 6, que tant de gens ont empruntée pour partir en vacances dans les années soixante. En fait, cette nationale reliait Sens à Lyon puis ensuite continuait sur l’Italie via le Mont Cenis. Les automobilistes qui voulaient rejoindre Paris au Sud de la France pour les vacances empruntaient la 6 jusqu’à Lyon, puis la 7 jusqu’en Provence.

Etant native de Troyes en Champagne (j’y ai vécu jusqu’à mes 10 ans), c’est une route qui me rappelle beaucoup de souvenirs de ma jeunesse, mes parents aimant, comme nous, rouler leur bosse ! En route donc…

La N6 part de Sens, dans l’Yonne, et c’est à partir de là que nous allons remonter la vallée de l’Yonne par sa rive droite.

La première petite ville qui m’a fait sortir mon appareil photo a été Villeneuve-sur-Yonne car pour y pénétrer, il faut passer une superbe porte qui faisait partie du système défensif de la ville et qui a été construite au XIIIe siècle (elle a son pendant de à la sortie de la ville). L’église gothique date de la même époque, dommage, elle est difficile à photographier vu le peu de recul que l’on peut prendre.

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DSC_0078Quand je vous parlais de mes souvenirs de jeunesse, il y en a un qui nous a fait faire un tout petit détour : Cézy, tout petit village typique le long du fleuve, où mon frère s’est marié (il y a si longtemps, c’était en 1959 !) mais je garde un souvenir assez précis de cette journée… J’avais alors 9 ans ! Je ne me souvenais plus du pont suspendu qui fait le charme de ce village, mais vous allez voir, il est très beau. J’ai bien sûr appelé mon frère pour lui dire où j’étais et il nous a guidé jusqu’à la maison des parents de ma belle-sœur. C’était marrant !

Joigny, ensuite, un vrai joyau avec de très belles maisons à pan de bois de type champenois dont la maison de l’arbre de Jessé, la maison du Bailly et la maison du Pilori.

DSC_0090La maison de l’arbre de Jessé présente une remarquable façade. Les montants de bois reproduisent la généalogie du Christ comme évoqué notamment dans l’évangile de saint Matthieu : Jessé, endormi, rêve d’un arbre jaillissant de son corps et sur les branches apparaît la parenté du Christ et au sommet la Vierge et l’enfant Jésus. Ce thème religieux est très rarement exploité sur un édifice civil ; Cette maison fait partie des trois seules maisons en France avec un arbre de Jessé.

La maison du Bailly date du  XVIe siècle. Elle présente des pans de bois sculptés d’éléments végétaux sur 2 façades. Il faut aussi remarquer le léger encorbellement de l’étage. Selon une tradition, le bailli y rendait la justice.

La maison du Pilori (XVIes.) est la maison à pans de bois au décor le plus riche de la ville. Elle possède une façade ornée de céramiques (carreaux émaillés verts, bleus et jaunes) et de piliers sculptés ; Saint-François d’Assise, Saint Martin et Saint Jean-Baptiste y sont représentés.

Nous avons fait une belle balade pour découvrir toutes ces belles maisons et avant de repartir, nous avons enjambé l’Yonne pour avoir une vue générale sur la ville avec les églises St Thibault et St Jean qui dominent la cité depuis le XVIe siècle.

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Nous avons repris la typique N6, bordée d’arbres comme l’étaient toutes les routes d’antan, pour arriver à Auxerre, préfecture de l’Yonne.

La première chose que nous avons vue est une ancienne plaque de cocher en fonte,  qui nous a effectivement transportées quelques années en arrière ! Nous avons eu un peu de mal à trouver un endroit où se garer et finalement nous nous sommes arrêtés le long du fleuve d’où la vue est splendide…  Nous sommes ensuite partis à l’aveuglette car nous n’avions ni plan ni documentation, ce qui n’est pas très facile. Nous avons à nouveau découvert de belles maisons datant du Moyen-Age, particulièrement sur la place St Nicolas avec sa belle fontaine. Nous avons grimpé jusqu’à la cathédrale St Etienne puis l’heure avançant et mes pauvres jambes fatiguant de plus en plus, nous avons repris la route…

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Nous sommes allés jusqu’à Beaune afin de pouvoir prendre directement l’autoroute le lendemain matin. Nous avions aussi envie de visiter le joyau de Beaune, l’Hôtel -Dieu.

Nous avons trouvé un hôtel merveilleusement situé puisque nous n’étions qu’à 5mn à pied de l’Hôtel-Dieu… Bien nous en a pris car le lendemain matin, déception, il pleuvait des cordes !!! Tant pis, nous sommes partis avec nos parapluies à l’heure de l’ouverture des visites et du coup, nous avons eu la chance d’être seuls pour visiter cette merveille !

L’Hôtel-Dieu, avec ses façades gothiques, ses toits vernissés aux dessins géométriques multicolores, fait partie du patrimoine des Hospices de Beaune, institution charitable créée en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du Duc de Bourgogne.

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Le 1er janvier 1452, l’hôpital accueille son premier patient. Dès lors et jusqu’au XXe siècle, les sœurs des Hospices de Beaune prendront soin de nombreux malades dans plusieurs grandes salles. L’Hôtel-Dieu a rapidement acquis une grande renommée auprès des pauvres, mais aussi auprès des nobles et des bourgeois. A travers leurs dons, ceux-ci ont permis d’agrandir et d’embellir l’hôpital par la création de nouvelles salles et l’apport d’œuvres d’art. Ainsi l’Hôtel-Dieu est-il devenu un véritable « Palais pour les Pôvres ». Ses fonctions médicales ont été transférées en 1971 dans un hôpital moderne, à l’exception d’une maison de retraite.

Nous pénétrons dans la cour et sommes subjugués par la beauté des lieux… Nous commençons la visite par la « salle des pôvres », elle a conservé ses dimensions d’origine (50 m de long, 14 m de large, 16 m de haut). Elle est ornée de poutres polychromes uniques au monde. Les dragons multicolores qui « crachent » les poutres traversières évoquent les monstres de l’enfer. Au-dessus de la grande porte se trouve un remarquable Christ aux Liens datant de la fin du XVème siècle et sculpté dans un seul et même fût de chêne. La chapelle fait partie intégrante de la Salle des Pôvres et symbolise la parfaite symbiose entre l’aspect religieux et médical de l ‘Hôtel-Dieu. C’est dans cette chapelle que prenait place à l’origine le fameux polyptyque de Rogier van der Weyden, que nous découvrirons à la fin de la visite.

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Nous passons ensuite dans la salle St Hugues. Elle ne fut créée que bien plus tard, en 1645, et était affectée aux malades plus aisées qui pouvaient payer leur soins. Elle est richement décorée par des peintures qui représentent les miracles du Christ.

DSC_0208La cuisine est aujourd’hui présentée comme elle était au début du XIXe siècle. Dotée d’une vaste cheminée à deux foyers, elle est meublée de différents éléments dont un tournebroche automatisé datant de 1698, unique en France, animé par un petit automate en costume traditionnel appelé « Messire Bertrand » qui semble tourner la manivelle en veillant aux activités de la cuisine.

DSC_0214La pharmacie, où les sœurs apothicaires préparaient « les drogues » destinées aux malades hospitalisés est la pièce suivante. Sur le fourneau, deux imposants alambics en cuivre permettaient d’extraire les substances actives des plantes (peut-être pour en faire des suppositoires dans cet étrange moule !). Dans la seconde salle de la pharmacie ou officine, les étagères présentent une collection de 130 pots de faïence datés de 1782, dans lesquels étaient conservés les onguents, huiles, pilules ou sirops…

Enfin, le polyptyque du Jugement dernier, œuvre remarquable peinte au XVe siècle, transféré pour sa conservation dans une salle climatisée a été scié sur toute l’épaisseur des panneaux, afin de pouvoir le présenter ouvert et fermé au public. A l’origine, il était accroché au-dessus de l’autel dans la chapelle de la Salle des Pôvres, mais n’était ouvert à la vue des malades que les dimanches et jours de fête.

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Franchement, c’est une visite à ne pas rater, nous en sommes ressortis subjugués ! Si vous passez par-là, n’hésitez pas, entrez…

Nous avons repris la route pour Turin sous une pluie battante pendant presque tout le chemin mais nous sommes arrivés sous un temps plus clément ! De toute façon, la joie de revoir toute notre petite famille aurait fait oublier n’importe quelle météo !

Quand je me relis mon texte, je me rends compte que je vous ai raconté beaucoup de choses, preuve s’il en est, que la France regorge de sites merveilleux à visiter !!! Pour les voir, c’est ici.

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